Petit survol de la communication humaine authentique
Les différents rôles que nous jouons en société nous forcent constamment à apposer des filtres à notre attitude et nos actions. Il est normal, de temps à autre, d’avoir à mettre de côté certains aspects de notre personnalité. Il n’y a qu’à regarder notre manière de nous habiller selon que nous nous trouvions au travail, dans un cinq à sept ou chez nous pour le film en famille du vendredi soir. Et ce n’est qu’un petit exemple des filtres dont nous usons. Notre langage, les mots que nous utilisons et même notre diction sont des aspects également affectés par ces filtres. Nous ne parlons pas de la même façon lors d’un entretien d’embauche ou à notre thérapeute que pendant une soirée entre amis. Nous ne nous adressons pas de la même manière, non plus, à nos enfants qu’à nos voisins – et c’est bien normal!
Il arrive toutefois, dans nos relations avec les autres, que nous nous cachions derrière certaines facettes de notre personnalité, que nous portons comme des masques et qui n’ont rien à voir avec les conventions sociales ou la bienséance. On le fait parfois consciemment, parfois non. Ce sont des masques que nous nous imposons souvent par manque d’estime de soi ou confiance en soi, par souci de plaire, pour cacher ce que nous percevons comme nos lacunes et de la vulnérabilité. Vous arrive-t-il de sentir que vous n’êtes pas vous-même en public? Avez-vous du mal à atteindre une certaine cohésion entre la personne que vous êtes et celle que projetez dans vos relations? Ce manque d’authenticité vous empêche-t-il de développer de véritables liens avec votre entourage? Vous souhaiteriez faire passer vos relations à un niveau supérieur et vous sentir entier? Si vous vous reconnaissez, lisez ce qui suit!
Qu'est-ce que la communication humaine autentique?
On croit à tort que la communication authentique, c’est de dire toute la vérité, à tout le monde et en tout temps. De se libérer de ses inhibitions et de dire tout haut ce que l’on pense, sans filtre. D’être soi-même, peu importe ce que les autres pensent et sans en tenir compte. C’est une manière simpliste – et erronée – de voir les choses! En vérité, l’une des premières étapes à suivre lorsqu’on souhaite pratiquer ce type de communication est d’écouter les autres, et de se mettre à leur place.
En effet, dans toute communication, il y a le volet « expression » de ce que l’on ressent, mais il y a aussi une part de « réception ». La communication humaine authentique, c’est un partage entre personnes qui choisissent de mettre la relation en priorité et accepter l’autre dans sa différence. C’est aussi une prise de conscience de ses propres failles, de ses émotions véritables et de ses réactions dans différentes situations. C’est un dévoilement de son être sous son vrai jour : avec ses côtés lumineux tout comme ses côtés plus sombres. C’est être capable de parler de ce que l’on est et de ce que l’on vit sans essayer de s’embellir. Cela peut sembler simple, mais croyez-moi : il est beaucoup plus facile de parler des autres, que de nous-même !
Une démarche qui commence par soi
Être authentique avec les autres commence par l’être envers soi-même. Cela serait un manque d’intégrité que de chercher à faire comprendre notre point de vue à quelqu’un sur l’un de ses comportements ou ses paroles, tout en n’ayant pas soi-même évalué ses propres agissements ou dires dans un même contexte. Avant toute tentative, il est donc primordial de faire une bonne introspection. L’authenticité dans nos communications demande d’abord de se connaître et d’être fidèle à soi-même. Lorsqu’on est à l’affut et à l’écoute de nos émotions, il est possible de les utiliser pour nous guider dans le choix des actions à entreprendre pour être congruent avec qui on est vraiment.
Un aspect important dans la communication authentique est aussi l’importance de se responsabiliser. Il faut reconnaître que nos opinions et nos actions sont des choix que nous faisons et dont nous acceptons les conséquences. Même lorsque ces dernières ne sont pas agréables.
Dans le contexte de la communication humaine authentique, se responsabiliser signifie aussi prendre sa part de responsabilité dans le conflit qu’on cherche à régler, mais également avoir conscience que nos émotions, même celles créées par le conflit, sont notre responsabilité, à nous. Cela demande de porter un regard objectif sur notre réaction et sur notre manière de gérer nos émotions. Est-ce, par exemple, ce que la personne a fait qui nous a fait nous sentir triste et en colère, ou bien si ce n’est pas plutôt notre égo, notre manque de confiance en nous ou notre susceptibilité? Est-ce les mots qu’elle a utilisés, ou bien si ce n’est pas plutôt l’intention que vous supposez qu’elle avait en le disant?
Certaines personnes croient qu’elles sont authentiques parce qu’elles se disent : « Je sais que j’ai un fort caractère, je suis comme ça et je l’assume ». Mais il ne suffit pas de savoir que l’on a un fort caractère ou que l’on est susceptible, pour être authentique. Il faut aussi être conscient que cet aspect de notre personnalité teinte nos réactions et les émotions que nous vivons. Que cette « force de caractère » a des conséquences et qu’il faut aussi les assumer. Être capable de discerner quand, dans une situation, c’est notre susceptibilité qui nous fait réagir de telle ou telle manière. On a souvent tendance à assumer certains aspects pratiques d’un trait de personnalité, mais à s’enfouir la tête dans le sable quand il s’agit de voir les défauts que cela peut apporter!
La communication humaine authentique nécessite une responsabilisation plus globale encore: prendre la pleine et entière responsabilité de sa vie et cesser de rejeter ses échecs ou son comportement sur les autres ou sur les événements. C’est souvent difficile à accomplir, car ce n’est pas un réflexe naturel de se voir être la raison de nos malheurs!
Ouverture sur l’autre
Avoir des communications humaines authentiques avec les autres ne réside pas seulement dans l’attitude que vous avez lorsque vous vous exprimez. Il s’agit aussi de votre écoute et de votre ouverture à ce que les autres vivent. Les jugements intérieurs, les non-dits, les reproches et les suppositions n’ont pas leur place dans des relations authentiques. Si on a des raisons d’en vouloir à quelqu’un, on devrait être capable de lui en parler en face, rationnellement, plutôt que de se vider le cœur dans son dos en se confiant à quelqu’un d’autre. Cela revient au fait d’être fidèle à ses valeurs et ses opinions et de savoir les exprimer. Si l’on accorde une véritable valeur à son opinion, on devrait être capable de la partager à tout le monde, pas seulement à un petit cercle fermé.
Observez votre attitude dans vos relations amicales, professionnelles, intimes… Lorsque vous êtes en contexte de communication avec les autres, les écoutez-vous vraiment? On est souvent plus concentré sur ce qu’on va dire par la suite, ou encore pressé de faire un lien avec une expérience qu’on a vécue! Apprenez à écouter, à vous intéresser à ce que les autres disent. Cherchez à connaître l’autre de la même façon que vous aimeriez qu’il s’intéresse à vous. De la même manière, il est important, lors d’une communication authentique, de bien chercher à comprendre ce que l’autre souhaite exprimer et à le reformuler au besoin. Il faut laisser de côté ses perceptions, car elles sont teintées par notre personnalité, nos expériences personnelles, nos goûts, etc. On croit souvent que l’on se met à la place de l’autre, alors qu’en réalité, on s’imagine ce que nous ferions à la place de l’autre. Nous jugeons son attitude selon notre cadre de référence, en l’occurrence, nous-même. Notre vision de la réalité est subjective et construite de croyances, vraies ou fausses, forgées par nos expériences. Faire preuve d’ouverture et d’écoute signifie être capable de faire abstraction de ces croyances, et permet de comprendre pourquoi l’autre a agi ainsi, selon son propre cadre de référence.
Choix du bon moment
Nombre de disputes prennent réellement leur ampleur au moment où l’on essaie d’aborder le sujet avec la personne concernée. Ce n’est pas, alors, le sujet de la dispute qui cause l’échec de la communication, mais plutôt le mauvais « timing ».
Choisissez le bon moment pour vous, et pour l’autre. L’instant immédiat suivant la dispute est rarement l’idéal: les émotions sont à vif et ni l’un ni l’autre n’est en état de rationaliser la situation. Ensuite, peut-être avez-vous longuement réfléchi et êtes prêts à aborder le sujet, mais est-ce que l’autre personne concernée l’est, elle? Faites preuve d’ouverture, comprenez qu’elle puisse être trop occupée ou encore trop émotive pour en parler. Peu importe la manière dont vous vous exprimerez et votre niveau d’authenticité, si votre partenaire n’est pas prêt, est exténué ou occupé avec les enfants, cela ne servira à rien. Convenez plutôt d’un moment, ensemble.
La juste expression des émotions et des sentiments
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, exprimer ses émotions ne signifie pas pleurer lorsque vous êtes triste ou crier quand vous êtes en colère pendant votre dialogue avec l’autre. Dans le contexte d’une communication authentique, l’expression des émotions et des sentiments signifie plutôt de savoir les verbaliser. L’intention dans l’acte d’exprimer ses émotions ne doit en aucun cas être de se soulager. Il faut avoir vécu cette émotion, avoir trouvé sa véritable source et se l’être expliquée avant de pouvoir aborder le sujet. Plusieurs facteurs cognitifs (expériences vécues antérieurement, traumatisme, traits de personnalité) font souvent en sorte que l’on peut se laisser submerger par les émotions dans certains contextes. Ces réactions font obstacle à une communication humaine authentique et doivent être prises en charge.
Lors de la verbalisation, il est ensuite important que les mots employés soient axés sur ce que vous ressentez. Expliquez à l’autre que son comportement vous a causé cette émotion, pas l’accuser de vous l’avoir causé! Notre réflexe est bien souvent de dire : « Tu m’as fait de la peine », alors qu’en réalité, il serait plus juste et réaliste de dire : « Quand tu as dit cela, je me suis senti triste. Ce que tu as dit m’a laissé l’impression que tu ne te souciais pas de moi ». Cette étape devrait déjà avoir été faite, en réalité avant la communication. Vous devriez vous être demandé, « qu’est-ce qui m’a causé cette émotion? », « qu’ai-je ressenti? », « pourquoi me suis-je senti ainsi? ». Cela permet d’éliminer des faits que vous pourriez reprocher à l’autre et de vous responsabiliser pour vos émotions. En vous posant les bonnes questions, vous serez en mesure de parler de vos observations de manière juste, exempte de tout jugement ou critique. Il faut savoir donner sa juste place à l’émotion, tout en gardant une vision réaliste et rationnelle des faits.
Il importe également d’être conscient et préparé au fait que ce que vous avez à dire pourra causer des réactions chez l’autre et que c’est tout à fait son droit. Il est même préférable que ce soit vous qui l’invitiez à partager ce qu’il ressent par rapport aux observations que vous avez exprimées. Si le dialogue prend une tournure trop émotive et peu constructive, il pourrait même être nécessaire de proposer un autre moment pour finaliser le tout.